La région des Champs Phlégréens, séparée de Naples par la colline de Pausilippe, est riche en vestiges antiques épars et en sites naturels liés à son passé volcanique. Pouzzoles est la ville principale, Baïes et Misène sont deux autres anciennes implantations romaines, alors que Cumes à l’ouest fut aussi une ancienne colonie grecque.

1. Pouzzoles

vue-sur-pouzzoles-1864

Vue sur Pouzzoles en 1864

Sous la Rome antique Pouzzoles fut le port qui reliait Rome à l’Orient jusqu’à ce que l’empereur Trajan construise le nouveau port d’Ostie. C’est aujourd’hui la principale ville des Champs Phlégréens, dont le centre historique du Rione Terra remonte au XVIIe siècle, où l’on trouve bars et restaurants, ainsi que le long du front de mer récemment réaménagé.
Il y reste aussi de nombreux monuments antiques, dont le Macellum, l’ancien marché appelé improprement Temple de Sérapis, le temple d’Auguste qui a été absorbé dans la cathédrale, de grands thermes, des rues pavées, des nécropoles monumentales dont celle de la via Celle, ou l’amphithéâtre Flavien qui est le quatrième plus grand d’Italie.
Étant au cœur de la zone volcanique, le bradyséïsme est ici très présent, modifiant au cours du temps l’altitude de la ville de plusieurs mètres, par vagues montantes et descendantes de plusieurs années. [Lire la page dédiée à Pouzzoles]

2. Cumes

Cumes, antre de la Sybille

Antre de la Sybille

Près du rivage de l’ouest des Champs Phlégréens, Cumes fut la plus ancienne colonie grecque de l’occident méditerranéen, fondée vers 740 avant notre ère, célèbre depuis ses origines pour accueillir l’oracle de la Sibylle.
L’ancienne ville est encore en grande partie sous terre. On découvre la partie basse de la ville d’époque romaine avec le forum, des édifices publics, la crypte romaine, des thermes et l’amphithéâtre. Sur l’acropole, on découvre l’impressionnante antre de la Sibylle, ainsi que les vestiges des temples d’Apollon et de Zeus. L’antre est un long tunnel façonné dans la pierre, le lieu mythique où Énée rencontra la Sibylle, la prêtresse d’Apollon devenue oracle.
A l’entrée de la ville, l’Arco Felice était la porte monumentale en briques de l’époque romaine, fermant un passage creusé dans la colline, par laquelle la via Domiziana entrait dans la ville. [Lire la page dédiée à Cumes]

3. Baïes

Pendant l’antiquité, Baïes était une destination privilégiée de l’aristocratie romaine en villégiature, fréquentée par les empereurs qui y construisirent de luxueuses villas et des thermes monumentaux.
Une partie des vestiges de l’ancienne ville de Baïes se découvre de nos jours dans le parc archéologique de la ville, alors qu’une grande partie des vestiges et de l’ancien port est actuellement sous la mer du fait de l’action d’années de bradyséisme qui affaissa le sol de plusieurs mètres.
L’itinéraire terrestre du parc archéologique de Baïes couvre trois secteurs, avec surtout l’ancienne zone thermale à flanc de colline, jusqu’aux restes d’habitations en hauteur, bien que l’urbanisation contemporaine ait effacé la plupart des traces passées.
Le « temple de Diane » est une portion d’un grand hall thermal couvert d’un colossal dôme ogival et décoré de frises avec des scènes de chasse ; le « temple de Mercure » est un frigidarium ; et dans le « temple de Vénus » de forme octogonale qui est une salle thermale, une statue de la déesse fut retrouvée.

4. Site archéologique sous-marin de Baïes

Ce site archéologique sous-marin aux allures de ville engloutie est exceptionnel. La plongée au milieu de ces vestiges est merveilleuse, entre ruines de villas avec mosaïques, nymphée, statues, matériel comme amphores et vases, et anciennes rues pavées.
On peut découvrir le site grâce à des bateaux à fond transparent, en excursion de plongée avec bouteille, ou en apnée.
Certains monuments et sculptures ont été reconstitués et sont exposés dans le Musée Archéologique des Champs Phlégréens, dans le Château aragonais de Baïes.

5. Château aragonais de Baïes et musée archéologique

Castello aragonese di Baia

Château aragonais

Sur une éminence qui entoure l’ancienne caldeira et domine le golfe de Pouzzoles, le château aragonais a été construit à la fin du XVe siècle, remanié au XVIe siècle par le vice-roi espagnol Pedro Álvarez de Toledo peu après l’éruption du volcan Montenuovo. De sa terrasse on a un très beau point de vue sur le golfe, les Champs Phlégréens et les îles au large.
C’est aujourd’hui le siège du Musée Archéologique des Champs Phlégréens, principal musée conservant les trouvailles de la région, dont des sections dédiées à Cumes ou à Pouzzoles.

6. Solfatara

solfatara, pozzuoles

Près de Pouzzoles, la Solfatara est un cratère très particulier d’un volcan encore actif, avec ses importantes fumerolles et leurs vapeurs sulfureuses qui se dégagent à plus de 160 °C, alors que dans une dépression centrale des lacs de boues bouillonnent à 140 °C, le tout assorti d’une forte odeur d’œuf pourri.
Ces dégagement permettent à la pression intérieur générée par la chaleur de la poche de magma de s’évacuer. [Lire la page dédiée à la Solfatara de Pouzzoles]

7. Colline de Pausilippe

Sur la colline de Pausilippe (Posillipo en italien) qui sépare Naples des Champs Phlégréens, les romains fortunés de l’antiquité aimaient y séjourner. Depuis 1925 c’est un quartier administratif de la ville de Naples.
Les romains creusèrent d’ailleurs dans la colline un tunnel, appelé Crypta Neapolitana (ou Grotte du Pausilippe), long de 800 mètres, pour relier directement Naples aux Champs Phlégréens. Du côté de la ville, un columbarium de l’époque impériale est identifié comme la tombe du poète Virgile.
La charmante Via Posillipo longe la côte au pied de la colline depuis le petit port de la Mergellina avant de rejoindre les hauteurs, passant devant de beaux palais et villas, dont le Palais Donn’Anna. On peut gravir la colline par les belles routes panoramiques des Via Petrarca et Via Orazio, avec de beaux points de vue tel que celui des tredici discese di Sant’Antonio.
Côté sud-ouest de la colline, le Parc Virgiliano un un lieu agréable avec ses vues sur le golfe de Pouzzoles. Non loin, à la pointe méridionale, le parc de Pausilypon offre de superbes vues jusqu’à la péninsule sorrentine avec l’aire archéologique de Pausilypon dont la grotte de Séjan, tunnel de 700 mètres qui relie les Champs Phlégréens à la villa impériale de Pausilypon, avec théâtre, odéon, restes de palais, et la zone en partie submergée de l’île de Gaiola.

8. Misène et Bacoli

Bacoli est une petite ville perchée de pêcheurs, entre la côte, le lac Miseno, et le Cap Miseno, la pointe à l’extrémité occidentale du golfe de Naples. C’est dans cette zone que se situait l’antique Misenum, importante base navale de l’époque romaine, siège de la flotte prétorienne de l’empereur. Les vestiges sont dispersés, dont le Sacello degli Augustali qui était un temple voué au culte impérial, en partie submergé.
Vers Bacoli, la piscine Mirabilis est une grandiose citerne romaine, soutenue par de hautes nefs qui atteignent 15 mètres. C’est la plus grande d’Italie, longue de 72 mètres et large de 25 mètres. Acheminée par le grand aqueduc Serino, son eau potable approvisionnait la flotte impériale.
Les Cento camerelle (cent chambrettes) sont un autre site remarquable, avec ses étroits et curieux tunnels creusés dans le tuf, qui faisait partie d’une immense villa patricienne. La Tombe d’Agrippine est en réalité le reste du petit odéon d’une villa.
A la pointe sud, un sentier agréable rejoint le Cap Miseno et son phare. Ce promontoire de tuf jaune est une élévation de l’ancienne caldeira.

9. Lac d’Averno et thermes romains

Le lac d’Averno occupe un ancien cratère aujourd’hui entouré de végétation méditerranéenne. L’empire romain y installa un port intérieur, relié par un canal au port du Portus Julius sur le lac Lucrin qui était le premier port d’attache de la marine romaine.
A l’est se dressent les vestiges d’une grande salle thermale romaine appelée Temple d’Apollon. Côté sud, il existe une grotte creusée dans le tuf de l’époque romaine, appelée grotte de la Sybille, que la légende désigne comme l’entrée des enfers décrite par Virgile dans le sixième livre de l’Énéide, celle par laquelle le héros Énée entra aux enfers. C’était en fait un passage pour les fantassins dont les navires accostaient dans le Portus Julius. Auparavant visitable, elle est actuellement fermée.
La grotte de Cocceio est une autre galerie souterraine de près d’un kilomètre, creusée sous le mont Grillo par les romains, qui relie Cumes à la rive ouest du lac d’Averno. Elle fut construite vers 37 av. J.-C., avec en parallèle un aqueduc, et les canaux qui reliaient les lacs à la mer pour créer ce gigantesque port. Oubliée, cette grotte fut restaurée au XIXe siècle et récemment consolidée. Elle devrait ouvrir au public si une solution sera trouvée pour gérer plusieurs espèces protégées de chauve-souris qui y vivent.

10. Autres lieux d’intérêt historique

La Casina Vanvitelliana sur le lac Fusaro

Sur la colline de Bacoli, l’élégante Casina Vanvitelliana fut construite au XVIIIe siècle sur un îlot du lac Fusaro, par la souhait du roi Ferdinand IV de Bourbon, comme pavillon de chasse aux oiseaux marins comme les foulques, et pour la pêche. C’est le célèbre architecte Luigi Vanvitelli qui la créa. L’intérieur n’est actuellement pas ouvert au public.

Agnano et réserve naturelle du cratère des Astroni

Agnano fut une importante zone thermale de Naples, autour d’un des plus anciens cratères volcaniques des Champs Phlégréens correspondant aujourd’hui à la Réserve des Astroni avec des ruines de Thermes antiques.
L’intérieur du cratère est une zone naturelle protégée, avec sa petite colline, un petit lac, et de faible dégagements gazeux d’origine volcanique.

Montenuovo

Le Montenuovo est le volcan le plus récent d’Europe, apparu lors d’une éruption de 1538, proche du lac Lucrino et du cratère du lac d’Averno. C’est désormais une réserve naturelle avec son oasis.
Les chroniques du 28 septembre 1538 racontent que la montagne s’éleva en seulement deux jours, où d’abord la mer se retira à 400 mètres abandonnant une multitude de poissons sur la plage, faisant le ravissement des habitants, avant que ces derniers déchantent lorsque la terre se déchira, engloutit la ville médiévale de Tripergola, et furent éjectées roches, lave et boues incandescentes.

Lac de Lucrino et Stufe di Nerone

Autour du petit lac de Lucrino, exploité au moins depuis l ‘époque romaine par la pêche, se trouvent des restes de villas romaines et de complexes thermaux en raison de nombreuses sources. Les Stufe di Nerone est un complexe moderne avec ses 20 sources d’eau salso-bromo-iodique à 80 C et des grottes saunas déjà utilisées par les Romains.