Les Champs Phlégréens (Campi Flegrei en italien, du grec flègo, qui signifie « ardent ») sont une vaste zone située autour du golfe de Pouzzoles à l’ouest de Naples. Ils correspondent à la caldeira d’un ancien super-volcan de plus de 15 km de diamètre, où les phénomènes volcaniques se manifestent toujours, avec de nombreux cratères, fumerolles, et des eaux thermales réputées et exploitées dès l’antiquité.
Description
Contrairement au Vésuve, les champs Phlégréens ne sont pas caractérisés par un cône volcanique principal. C’est en effet une vaste zone volcanique, en activité depuis plus de 80.000 ans, avec plusieurs volcans à l’intérieur et à l’extérieur de la caldeira, nom par lequel on désigne une zone qui s’est affaissée lors d’une éruption majeure.
Cette caldeira est le résultat de l’effondrement d’une vaste zone correspondant au toit qui recouvrait la poche de magma lors de l’expulsion de celle-ci, induisant une vaste dépression grossièrement elliptique. L’aspect actuel se réalisa par au moins deux grandes éruptions : celle de l’Ignimbrite Campana (il y a 40.000 ans) et celle du tuf jaune napolitain (il y a 15.000 ans), du nom des roches qui recouvrèrent la région à la suite de ces phénomènes.
Cette grande caldeira atteint aujourd’hui environ 15 km de diamètre, avec 80 cratères et édifices volcaniques, certains sous la mer ou disparus, avec des manifestations gazeuses effusives comme la cratère de la Solfatara ou hydrothermales (à Agnano, Pouzzoles, Lucrino), ainsi qu’un phénomène de bradyséisme (abaissement et remonté du sol) en particulier visible au temple de Sérapis à Pouzzoles, qui témoigne du lent mais puissant mouvement d’une vaste poche de magma souterraine.
Certains lacs de la région sont volcaniques (lac d’Averno), d’autres ont été créés par des barrages naturels (lac de Lucrino, lac Fusaro, lac Miseno).
Les champs phlégréens s’étendent jusqu’aux îles d’Ischia et de Procida bien qu’elles soient situées en dehors de la caldeira principale, les phénomènes volcaniques y sont néanmoins présents, comme les eaux thermales bien connues d’Ischia.
Historique géologique
L’activité à connu trois phases, avec les plus anciennes formations volcaniques entre les 42.000 et 35.000 ans passés. Cette première phase se caractérise par la présence dans la région de piperno et de tuf gris, comme dans la colline des Camaldules proche de Naples.
L’activité du supervolcan a atteint son apogée il y a 39.000 ans lorsqu’une gigantesque explosion provoque l’effondrement de la première caldeira. Cette éruption, dite de l’Ignimbrite Campana fut la plus puissante en Europe des 200.000 dernières années, dispersant une gigantesque quantité de cendres qui a probablement impacté toute la planète. Pendant cette première période, le tuf recouvrit en grande part la région Campanie, sur plus de 10.000 km2.
Le point culminant de la deuxième période eu lieu il y a près de 15.000 ans, avec l’éruption du Tufo Giallo Napoletano (tuf jaune napolitain en français), marquée par une autre explosion majeure d’un super volcan qui recouvrit toute la région de cendre et de tuf jaune, générant une caldeira de 15 km de diamètre. Les restes de ce cratère se retrouvent avec la colline de Posillipo, la colline des Camaldules, la dorsale nord de Quarto, les monts de Licola-San Severino, le mont de Cumes, le Mont de Procida, et le massif de tuf du Mont Gauro qui était à l’intérieur du cratère.
La période des 5.500 dernières années, caractérisée par la pouzzolane blanche, a connu 27 éruptions, dont la dernière en 1538 qui a généré le cône de tuf du Monte Nuovo. Ce sont formés la plupart des actuels volcans des Champs Phlégréens, tous à l’intérieur du super cratère de la Seconde Période. L’activité se déplaça du sud-ouest (Bacoli et Baïes) entre 10.000 et 8.000 ans, à une zone centrale, jusqu’à la plus récente qui forma l’Averno dont le lac actuel occupe le cratère, il y a 3.800 ans, et après 3.000 ans de repos l’éruption de faible intensité à l’origine du Monte Nuovo en 1538, petit cône volcanique de 133 mètres de hauteur près du lac de Lucrino.
Activité et histoire récente
La caldeira des Champs Phlégréens est soumise à de lents, mais puissants mouvements du sol, appelé bradyséisme.
Ainsi, entre 1970 et 1972, le sol s’est élevé d’environ 170 centimètres dans le port de Pouzzoles, délabrant la zone du Rione Terra, et jusqu’à 3,5 mètres entre 1982 et 1984 avec de très nombreux petits séismes, avant que le phénomène ne s’inverse jusqu’en 2005, le terrain redescendant, avant de reprendre un mouvement ascendant récemment.
Tout un système de surveillance contrôle les phénomènes volcaniques et leurs variations.
À l’heure actuelle, le niveau d’alerte des Camps Phlégréens est JAUNE depuis 2017 (les niveaux sont : vert, jaune, orange et rouge), correspondant à une vigilance accrue, par rapport à une activité volcanique stable, en raison de phénomènes croissants ou inhabituel
Compte tenu de la durée élevée du calme relatif des Champs Phlégréens, une éruption massive à court ou moyen terme ne peut pas être exclue. Elle serait dévastatrice pour l’ensemble du sud de l’Italie, et impacterait toute l’Europe.
Aspects culturels, historiques et naturels
Les environs volcaniques de Naples ont une influence sur la culture et la psychologie des habitants, confrontés aux potentielles destructions que les constants phénomènes volcaniques rappellent régulièrement aux habitants, comme l’ombre d’une apocalypse près à s’abattre tôt ou tard. D’autant plus qu’à notre époque, ou depuis seulement quelques décennies, les scientifiques ont la certitude du potentiel destructeur de cette activité, et leurs démonstrations sont convaincantes pour l’habitant moyen, alors que par le passé le danger était presque relégué au statu de mythe ou de catastrophe d’un autre temps.
Le Parc Régional des Champs Phlégréens a été créé en 2003, avec plusieurs aires naturelles protégées : le Cap Miseno, le Parc sous-marin de Baïes, le Monte Nuovo et le Cratère des Astroni.
L’activité thermale, bien que moins importante qu’à l’époque antique, est encore vivace, avec beaucoup de sources d’eaux. Les plus célèbres sources se trouvent dans toute l’île d’Ischia, d’autres se trouvent aux Thermes d’Agnano, aux Thermes Puteolane et à Lucrino avec les installations des « Stufe di Nerone », ou les bassins de la plage du « Lido Nerone – Lo scoglio ».
Sources et liens
- Osservatorio vesuviano : www.ov.ingv.it
- Champs phlégréens sur Wikipédia : fr.wikipedia.org