moneta benevento IVeBénévent remonte à l’antiquité. Selon une légende, elle aurait été fondée par le héros grec Diomède, qui débarqua en Italie après la destruction de Troie. Il aurait cédé à la ville une défense du mythique sanglier de Calydon tué par son oncle Méléagre. Le sanglier est resté le symbole de Bénévent.
Une pièce de monnaie du IVe siècle avant J.-C., indiquerait que la ville se nommait Malies, qui mena au nom de Maloenton, nom grec signifiant troupeau de moutons ou de chèvres, dont les Samnites pratiquaient l’élevage.
Cependant, la fondation est probablement le fait du peuple Osque, avant une installation des Samnites.

 

Les Romains

En 314 avant notre ère, apparaît pour la première fois le nom de Maleventum, lors de la première guerre Samnite, contre les tribus de la région du Sannio où dominait la tribu samnite des hirpins. Cette guerre s’acheva avec la conquête du Latium par les romains.
Durant la deuxième guerre samnite de 327 à 304 avant notre ère, les romains subirent une sévère défaite, comme avec leur humiliation aux Fourches Caudines.
Par la suite, les samnites renforcés, poussèrent les autres peuples du centre et du sud de la péninsule (avec surtout les étrusques) à se soulever contre les romains.
Cependant, de – 298 à – 290, les romains défirent chacun des alliés des samnites auxquels ils imposèrent un traité en -290.
Maleventum fut occupée par les romains, d’ailleurs la ville fut le théâtre de la victoire contre Pyrrhus, le roi de l’Epire en – 275 et ses alliés (grecs, tarentains et samnites)

On a la certitude qu’en – 268, la ville rebaptisée Beneventum fut colonie romaine, son ancien nom étant associé à la malchance.

Les environs furent le théâtre de batailles lors de la deuxième guerre punique contre Carthage qui vit notamment la défaite du général carthaginois Hannon en -214 et -210.

Devenue municipalité romaine en 86 avant JC, Bénévent est vers la fin de la république décrite comme l’une des villes les plus prospères du Sud de la péninsule.
Sa croissance se prolongea sous l’empire, avec la construction de la Via Traiana, une variante de la Voie Appienne au départ de Bénévent. Au IVe siècle, la ville était après Capoue la plus peuplée du sud.

 

Moyen Âge : le duché

Devenu un évêché aux IVe et Ve siècles, Bénévent subit un terrible tremblement de terre en 369, et elle déclina en même temps que l’Empire romain.

En 410, les Wisigoths s’en emparent, puis les Vandales en 455. L’Empire romain d’occident s’effondra puis les Goths s’en emparèrent en 490. Elle fut libérée par les byzantins de Bélisaire en 536, puis conquise et ravagée en 545 par Totila, Roi des Ostrogoths d’Italie.

Ducato di BeneventoEn 571 , les Lombards fondèrent le duché de Bénévent, dont le premier duc fut Zotton, et le dernier Arigis II, jusqu’en 787.
Relativement isolé, le duché resta indemne lors de la conquête des Francs de Charlemagne. La chute du royaume lombard de Pavie an 774, au nord, poussa Arigis II à s’emparer de la couronne lombarde, mais les francs ne l’entendirent pas de cette oreille. Face à l’ampleur de son projet, Arigis II se contanta d’ériger le duché en principauté, les Francs assiégèrent alors Salerne en 784, Arigis II capitula et devint formellement vassal de Charlemagne.
Au VIIIe siècle, le duché s’étendait sur une grande partie du sud de la péninsule, à l’exclusion de Naples et de la Calabre, incluant néanmoins Capoue et Salerne.
Le fils de l’ancien Roi lombard Didier, Adalgis, réfugié à Constantinople, envahit avec l’aide des byzantins le duché. Il fut néanmoins repoussé.

En 840 le prince Sicard est assassiné, il s’ensuivit une guerre de palais pour sa succession, le domaine a été divisé en deux principautés : Bénévent dirigé par Radalgis, qui était le supposé assassin de Sicard, et Salerne dirigé par Siconulf, frère de Sicard (principauté correspondant grossièrement à la moitié du côté de la mer tyrrhénienne). Le chaos s’intensifia, certains comtés comme Capoue se déclarèrent indépendants. Radalgis et Siconulf emgagèrent des mercenaires sarrasins. Ce qui n’arrangea pas la situation globale, avec une émancipation de ces derniers qui établirent une colonie dans le sud du Latium (ils ne furent délogés qu’en 915 par une ligue chrétienne à la bataille du Garigliano). En même temps, les byzantins en profitèrent pour débarquer et reconquérir la Pouille.
En 978, Pandulf Tête de Fer réunit de nouveau Bénévent, Capoue et Salerne, jusqu’à sa succession … partageant le territoire entre ses fils.

Au début du XIe, Bénévent déclina. En 1022, l’empereur germain Henri II s’en empara temporairement.
L’arrivée des normands, d’abord mercenaires venus combattre les sarrasins, puis les batailles en Italie entre lombards de Salerne, byzantins des Pouilles et sarrasins de Calabre tournèrent à l’avantage des normands qui nettoyèrent tout ça érigèrent leur propre duché en Pouille, avec Melfi pour capitale.

En 1053, la bataille de Civitate vit les normands menés par Robert le Guiscard vaincre une coalition du Pape, des lombards et de l’empereur germanique. Ce fut la fin de la principauté de Bénévent qui devint une cité sans pouvoir territoriale, détenue cependant par la papauté.

Pendant des siècles, cette enclave des Papes dans le Royaume de Naples fut gouvernée par les recteurs pontificaux, nonobstant diverses « péripéties ».
benevento, XIIIeL’empereur et les souabes dominèrent le Royaume de Sicile dès la fin du XIIe siècle. Les troupes de Frédéric II, opposé au Pape, s’empara et pilla Bénévent en 1241.

En 1266, Manfred de Souabe, Roi de Sicile, fut vaincu et tué lors de la bataille de Bénévent contre Charles Ier d’Anjou, envoyé par le Pape et auquel il confia la couronne du Royaume des Deux Siciles.

Pendant presque deux siècles la ville demeura « plus ou moins » administrée par les recteurs papaux, la population s’étant plusieurs fois rebellée contre les ecclésiastiques.

Lors des luttes de successions entre angevins et aragonais, le Pape Eugène IV céda des libertés à la ville.

 

Epoque moderne et contemporaine

Néanmoins, les aragonais écartèrent du Royaume les angevins qui avaient le soutien du Pape. Ils assirent leur domination sur la ville, notamment avec le Roi Ferrante de Naples qui occupa Bénévent, après que le Pape Calixte III y ait nommé comme gouverneur son neveu Pierre-Ludovic Borgia.
La ville fut rendue au délégué du Pape en 1459 contre la reconnaissance de Ferrante comme Roi du Royaume.

Mais Bénévent devint le théâtre de luttes entre factions pro ou anti-Pape, jusqu’à ce qu’ils signent la paix en 1525.
En 1528, la ville fut occupée et vidée de ses ressources par les troupes de Charles V de Hasbourg, mais la nomination en 1530 de Ferdinand Ier Gonzague comme gouverneur augura une période plus prospère.
Beneventum, XVIIeLa papauté repris son influence, d’ailleurs Pie V émit une bulle papale pour expulser les juifs des états pontificaux (dont de Bénévent), sauf à Rome et Ancône. En mai 1617, le conseil de la ville vota l’envoie d’une supplique pour le retour des juifs, qui elle semble être restée sans retour.

Au XVIIe siècle, les pestes de 1630 et 1656 et la famine appauvrirent la ville.

En 1688, Bénévent fut détruite par un tremblement de terre. Mais son cardinal archevêque Orsini, le futur Benoît XIII, reconstruisit la ville et en développa l’économie.

Occupée par les bourbons du Roi de Naples Ferdinand IV lors de l’invasion des troupes napoléoniennes, elle fut cédée aux français.
Mais en 1799, une révolte populaire l’en affranchit et elle rejoignit la République Partenopéenne de Naples. Napoléon s’en empara de nouveau et en fit plus tard le siège d’une nouvelle principauté qu’il confia à Talleyrand en 1806.

A la restauration en 1815 et le Congrès de Vienne, elle retourna à l’église jusqu’en 1860, lors de la réunification de l’Italie au sein d’un nouveau Royaume.

En 1967, Bénévent a été décorée pour le courage de ses habitants lors des tragiques bombardements anglo-américains de 1943. Ces derniers firent en effet près de 2000 morts de civils, et 5000 maisons rasées.

 

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